ECONOMIE

La Guinée continue d’enregistrer une croissance soutenue.

La Guinée continue d’enregistrer une croissance soutenue et marque ainsi sa résilience aux chocs sociopolitiques, de la COVID-19 et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La croissance du PIB a été estimée 4,8 % en 2022 contre 4,4 % en 2021, tirée par la production minière. L’inflation a baissé à 12,2 % en 2022 contre 12,6 % en 2021. L’inflation importée est partiellement compensée par l’appréciation du Franc guinéen.

Les finances publiques guinéennes se sont améliorées en 2022 avec un déficit budgétaire global en baisse, estimé à 1,3 % du PIB contre 1,7 % du PIB en 2021. Cette performance est due à un surcroît de revenus miniers mobilisés en 2022, mais elle est limitée par les subventions à l’électricité qui continuent de croître en raison des bas tarifs de l’énergie hydroélectrique. La dette publique a baissé et représente 35,3 % du PIB en 2022 contre de 40,4 % du PIB en 2021. Le risque de surendettement extérieur est modéré, mais l’espace budgétaire d’absorption des chocs est limité. Le déficit du compte courant s’est creusé en 2022 à 7,4 % du PIB contre une forte réduction à 2,1 % du PIB en 2021, lié à la reprise des paiements du service de la dette après le gel par le G20, le Club de Paris et le FMI, en réponse à la COVID-19. Ce déficit est financé par les IDE miniers, les prêts et dons pour le financement de projets. Les réserves de change couvrent 2,5 mois d’importations en 2022, soit une baisse par rapport 2,8 mois en 2021. Le secteur bancaire est stable, mais les prêts non performants se sont accrus à 11 % en 2022 contre 10 % en 2019, avec une concentration dans les branches transport et commerce. Le taux de pauvreté a chuté de 55,2 % en 2012 à 43,7 % en 2019, tandis que le chômage suit une courbe en cloche, passant de 3,8 % en 2012 à 5,2 % en 2014 et 4,8 % en 2018.

Perspectives et risques

La croissance du PIB devrait atteindre 5,5 % en 2023 et 5,6 % en 2024, stimulée par la production minière, la disponibilité d’énergie et les investissements en infrastructures. L’inflation devrait baisser à 11,2 % en 2023 et 9,9 % en 2024 avec la réduction des tensions provenant de l’invasion de l’Ukraine par la Russie concernant les exportations d’engrais, de semences agricoles et l’amélioration des chaînes d’approvisionnement des biens importés de consommation et d’équipement. Le faible regain d’activité dans les branches non extractives, les effets adverses de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la faible mobilisation des ressources internes (12,6 % du PIB en 2022) contre une norme de 20 % dans la CEDEAO et les tensions sociopolitiques constituent autant de risques pour une croissance durable, inclusive et verte. Le déficit budgétaire devrait se creuser à 2,6 % du PIB en 2023 et 2,9 % en 2024, lié aux subventions élevées accordées à l’électricité et aux dépenses électorales. Le déficit du compte courant devrait baisser à 6,7 % du PIB en 2023 et à 4,6 % en 2024 en lien avec les exportations de produits miniers. Le déficit extérieur serait financé par les IDE miniers et les prêts et dons. Les réserves de change baisseraient en 2023 et 2024 à 2,2 mois d’importations en moyenne contre 2,5 mois en 2022.

Changement climatique et options de politiques publiques

L’index ND-GAIN classait la Guinée en 2020 au 146ᵉ rang sur 182 pays selon le niveau de vulnérabilité et de préparation face au changement climatique. Les effets du changement climatique auraient un impact sur les ressources hydriques, l’agriculture, la production hydroélectrique et l’ensemble de l’économie. Les financements climatiques mobilisés sur la période 2016–2020 sont équivalents en moyenne annuelle à un montant d’environ 0,2 milliard d’USD, contre un besoin moyen estimé à 1,59 milliard d’USD par an. Avec une tendance identique, les projections pour la période 2020–2030 conduiraient à un écart de financement annuel moyen de 1,39 milliard d’USD. Les capacités de résilience de l’économie guinéenne et la transition vers une croissance inclusive et verte seraient limitées. L’étroitesse du secteur privé non extractif, la faible profondeur du secteur financier, la faible diversification des financements de la Caisse nationale de sécurité sociale qui gère les pensions des secteurs public et privé et la quasi-inexistence d’instruments différents tels, le marché boursier et le capital investissement sont des faiblesses structurelles de la Guinée. Les réformes de la gouvernance minière, du cadre des affaires et d’approfondissement du marché financier seront nécessaires pour canaliser les financements publics et privés vers des investissements verts. Le potentiel minier de la Guinée, qualifié de scandale géologique, qui représente 80 % des exportations et génère 20 % du PIB, mais qui ne contribue que dans une très faible mesure au revenu de l’État (2 % à 3 %) est le principal levier de mobilisation des ressources publiques pour combler l’écart de financement climatique.

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