International - Le débat sur la décarbonisation du transport maritime relancé par Bloom.

La question de la décarbonisation du transport maritime a été remise au-devant de l’actualité par l’association Bloom, à travers une étude accablante relatant l’impact de la pêche industrielle sur l’environnement, rendue publique fin janvier 2024. La pêche industrielle, rappelons-le, qui est à l’origine de 3 % des émissions mondiales de CO2, soit presque autant que l’aérien ou que l’ensemble du continent africain, a un impact néfaste sur l’environnement. Elle détruit l’océan et crée deux fois moins d’emplois que la pêche côtière. Voici la synthèse du dossier de presse publié à l’occasion.
L’association française Bloom, dont la vocation est de sensibiliser à la protection des écosystèmes, a réuni un groupe de recherche pluridisciplinaire pour s’atteler à la tâche à partir d’une dizaine d’indicateurs à la fois sociaux, écologiques et économiques. Le résultat de cette étude fouillée, intitulée « Changer de cap », est présenté mercredi 24 janvier. Elle ne fait pas mystère de son objectif : montrer que cette activité mérite une approche plus complexe que seulement basée sur ses capacités de produire du poisson.
L’ONG met le curseur sur l’urgence de réagir pour contrer la destruction de l’Océan et de la pêche artisanale. Car si elle s’inquiète parce que la pêche reste la principale source de destruction de la biodiversité marine, elle garde espoir aussi parce qu’elle est aussi l’une des activités humaines sur lesquelles il est possible d’agir directement afin d’en réduire les impacts.
Surpêche, risques sur les juvéniles, abrasion des fonds, prises accidentelles de cétacés ou d’oiseaux marins et émissions de CO2 : toutes les catégories de flottilles n’ont pas les mêmes impacts environnementaux ni les mêmes rendements socio-économiques. L’équipe de scientifiques de l’Institut Agro, d’AgroParisTech et de l’Ecole des hautes études en sciences sociales a défini dix indicateurs et classé 2 720 navires en douze catégories selon quatre types d’engins de pêche et trois tailles, à partir d’un recueil de données de 2017 à 2019. Elle estime que ses conclusions sont fiables pour 70 % des pêches métropolitaines.
Selon son analyse, menée en collaboration de l’association The Shift Project et la coopérative L’Atelier des jours à venir, la pêche industrielle se révèle globalement comme la plus dommageable pour l’environnement. Avec leur importante consommation de carburant, ses navires – caractérisés par une longueur de plus de 24 mètres et qui tirent un chalut soit sur le fond, soit entre deux eaux (pélagique) – sont à l’origine de 57 % des gaz à effet de serre émis par la totalité des flottilles de pêche françaises. En comparaison, la part des arts dormants (c’est-à-dire les lignes, les casiers et les filets) est de 17 %.
Les 175 Etats membres de l’Organisation maritime internationale ont promis d’atteindre la neutralité carbone vers 2050, tout en s’adaptant aux « différentes circonstances nationales ». Ils doivent ainsi présenter, d’ici à 2025, un plan d’action pour réduire les émissions de CO₂, alors que le secteur représente 3 % de celles-ci dans le monde.
Un drapeau de l’Organisation des Nations unies (ONU) flotte au-dessus de Londres, juste au bord de la Tamise. Le bâtiment austère sur lequel il est posé, à deux pas du palais de Westminster, abrite l’une des plus discrètes agences de l’institution mondiale. Longtemps, l’Organisation maritime internationale (OMI) s’est contentée d’harmoniser les normes et les règles en matière de sécurité maritime, jusqu’à ce que son rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique l’oblige à sortir de l’ombre. Elle est la seule à réguler un secteur qui est à l’origine de 3 % des émissions mondiales de CO2, soit presque autant que l’aérien ou que l’ensemble du continent africain.
Une tâche difficile, tant les navires – et les compagnies maritimes – règnent en maîtres des océans, y compris à l’OMI, où les maquettes de porte-conteneurs, vraquiers ou encore chimiquiers, toujours plus grands et plus puissants, encombrent le hall d’entrée.
Ainsi, 98,9 % des géants des mers polluent, loin des regards et de l’attention médiatique, en utilisant un fioul qui est l’un des carburants les plus sales au monde, le résidu le plus lourd et le plus visqueux du pétrole raffiné, à peine plus épais que l’asphalte utilisé pour les routes. Si rien n’est entrepris, le transport maritime pourrait produire 17 % des émissions de carbone dans le monde d’ici 2030.