ENTREPRISESINVESTISSEMENTS

Désengagement des banques européennes en Afrique.

Depuis quelques années, les banques européennes repensent leur présence en Afrique eu égard aux contextes socioéconomiques, politiques et géopolitiques. Certaines d’entre elles ont massivement réduit leur présence sur le continent. Question de survie sans doute. Afrique Finances essaie de comprendre la situation.

Le monde a connu la crise de 2008, avec son lot de désagréments économiques et financiers, qui a poussé à repenser l’économie mondiale. 

La pandémie du Covid 19 a consolidé l’idée de la nécessité d’une nouvelle organisation financière qui sécurise les économies, mais aussi et surtout le business bancaire à l’échelle planétaire pour les banques multinationales. Ces banques, par qui tout est parti et tout est passé, sont les premières à pousser la réflexion et à poser des actes forts. Question de survie sans doute. Afrique Finances essaie de comprendre la situation.

A défaut d’avoir anticipé cette crise mondiale par des fondamentaux distincts, les banques européennes l’ont subi de plein fouet, au point même que beaucoup d’entre elles, avec aussi le sentiment ambiant anti européen sur le continent, ont décidé de repenser leur présence en Afrique et d’y accélérer leur désengagement. Même si certains le mettent sur le compte d’une déception sur les performances économiques de leurs filiales, d’autres motifs sont aussi évoqués.

La Société Générale n’est pas la première banque française à prendre cette direction. Depuis près de quinze ans, les établissements bancaires français ont commencé à se retirer progressivement du continent africain. Le mouvement a été initié par le Crédit Agricole, suivi par le groupe mutualiste BPCE (Banque Populaire, Caisse d’Épargne, Natixis) et la BNP Paribas. Elles ont réduit leur présence en Afrique ces cinq dernières années, tout comme les géants britanniques que sont Barclays et Standard Chartered. Des décisions à inscrire dans le tableau de la réévaluation stratégique et de restructuration observée dans le secteur bancaire international.

Avant d’annoncer les décisions de retrait, il y a eu des vagues de réduction des effectifs en Afrique de la part de la Société Générale et de sa grande rivale BNP Paribas. Sans doute du fait de la baisse des volumes d’activités, de performances, eu égard à la concurrence avec les banques marocaines et celles émergentes d’Afrique subsaharienne. Une présence affaiblie en qualité de banques de détails en Afrique du Nord, la Société Générale a, quant à elle, signé des accords de cession en 2022 pour ses participations au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Entre 2019 et 2020, elle a cédé ses 47 % dans sa banque gabonaise et  le contrôle de son entité en Tunisie.

Autre géant français, le Crédit Agricole, qui a cédé une première tranche de 63,7 % fin 2022 dans Crédit du Maroc, avant de se délecter un an plus tard des 15 % qui lui restaient. Fin 2018, le groupe BPCE s’était lui aussi désengagé, avec la vente de ses participations au Cameroun, à Madagascar, en République démocratique du Congo et en Tunisie.

Au Sénégal, BNP Paribas plus connue sous le nom de  BICIS est cédée, en avril 2023, au géant de l’assurance, Groupe SUNU, qui acquiert 54,11 % de son capital social. «Avec un ancrage fort dans le domaine de la bancassurance en Afrique subsaharienne, la Bicis consolidera son développement avec une gamme de services financiers renforcée par l’expertise du Groupe SUNU. Ce dernier a pour ambition au Sénégal d’avoir une Bicis plus digitale avec des offres Corporate et Particuliers modulées aux besoins du marché, et engagée à offrir à toute sa clientèle la meilleure qualité de services », souligne le groupe Sunu dans son communiqué d’acquisition. La BICIS, maintenant sous giron sénégalais, sera le pivot du déploiement de l’ambition stratégique portée de longue date, au Sénégal et dans la sous-région par le Groupe SUNU. 

Au Maroc, la rumeur persistante du désengagement de la Société générale n’est ni démentie ni confirmée. Chacun y va de son commentaire et des fuites parues dans la presse parlent déjà d’une une cession de participation de 57 % au capital de sa filiale locale Société Générale Maroc, pour un montant de 732,5 millions d’euros (8 milliards de dirhams). L’acheteur ne serait autre que la holding marocaine Saham, dirigée par l’homme d’affaires et ancien ministre de l’industrie Moulay Hafid Elalamy. La Société générale aurait mandaté la banque d’affaires Lazard pour mener à bien l’opération, qui serait soumise, bien sûr, à l’approbation des autorités marocaines.

Ainsi, se poursuit ce désengagement généralisé des banques européennes en général et françaises en particulier. Le mouvement s’accélère. Même si au Maroc le flou est encore maintenu, l’attitude officielle de la Société générale sur le reste du continent en dit long sur son orientation stratégique. En effet, depuis juin 2023, le groupe français a annoncé sa volonté de céder six de ses dix-sept filiales sur le continent (Burkina Faso, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Mauritanie, Mozambique et Tchad). Elle a même précisé qu’elle étudiait son départ de Tunisie.  

Derrière les soucis de performances avec la pression de rentabilité face à une concurrence de plus en plus accrue, il y a, entre autres, les questions de conformité de plus en plus difficile maîtrisées à plusieurs milliers de kilomètres de distance. Il y a aussi les questions géopolitiques et de stabilité qui pèsent lourdement sur les activités. 

Désengagement pour désengagement, nouvelles orientation stratégique, Ces banques savent aussi qu’il faut repenser leurs activités, innover et ou se reconvertir, car la migration vers d’autres marchés n’est pas la meilleure des solutions, lorsque l’on sait qu’en Asie et en Amérique latine les places sont déjà prises, et que l’Afrique est restée un marché difficile et volatile. Afrique Finances y reviendra.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page